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Espace de Soutien et de Prévention – Abus Sexuels : pour retrouver sérénité et équilibre

26.10.2020


Portrait d'association membre

Fondée en 2015 suite à la fusion des associations Faire le Pas et Familles Solidaires, ESPAS (Espace de Soutien et de Prévention – Abus sexuels) est une association qui s’engage auprès des personnes, de l’enfant à l’adulte, confrontées aux bouleversements que peuvent générer les abus sexuels afin de leur permettre de retrouver intégrité et équilibre. En 2019, ce sont 580 personnes qui ont bénéficié de l’aide spécialisée des 30 professionnels que compte l’association. Utilité publique Vaud s’est entretenue avec Thérèse Cuttelod, Directrice d’ESPAS, afin de mettre en lumière le travail crucial de cette association auprès des personnes ayant subi des violences sexuelles et de leurs proches.

Quelle est la raison d’être, la mission de l’association ESPAS et comment y répond-elle ?

La raison d’être de l’association est d’accompagner les personnes confrontées aux abus sexuels, par des programmes thérapeutiques adaptés aux besoins de chacun·e et par des actions de prévention. Les conséquences de ces violences peuvent causer d’immenses souffrances et porter sur du très long terme. Notre souhait est de permettre à ces personnes de retrouver une vie sereine, dans le respect de leur dignité et de leur intégrité.

Le Centre de consultations et de compétences spécialisé, ESPAS propose :

  • Des suivis thérapeutiques (entretiens individuels, de couple, de famille, thérapie par le jeu et groupes de parole) pour les enfants, adolescent·e·s et adultes qui ont subi des violences sexuelles ;
  • Une prise en charge pour les adolescent·e·s qui ont commis des actes d’ordre sexuel sur mandat du Tribunal des mineurs ;
  • Du conseil, des cours de sensibilisation et de l’accompagnement en matière de prévention pour les professionnel·le·s et les organismes encadrant les jeunes ainsi que les personnes en situation de handicap

Comment la décision de fusion de laquelle est née ESPAS a-t-elle été prise ? Qu’est-ce que la nouvelle association permet d’offrir de plus, de différent ? 

La fusion des deux associations indépendantes créées au début des années 1990 a eu lieu en 2014 sous l’impulsion de l’État de Vaud qui les a invitées à réunir leurs compétences et leurs équipes afin d’offrir une prise en charge à toutes les personnes concernées, de l’enfance à l’âge adulte. Cette fusion a permis de professionnaliser encore davantage la prise en charge des personnes concernées par la maltraitance sexuelle. ESPAS possède aujourd’hui une structure financièrement plus solide et est composée de 30 professionnel·le·s (psychothérapeutes, psychologues, travailleur·euse·s sociaux·ales) spécialement formé·e·s à la thématique des abus sexuels, travaillant sur plusieurs sites. Nous sommes également devenus l’interlocuteur unique des professionnel·le·s du réseau.

Par quels moyens entrez-vous en contact avec les personnes ayant subi des violences sexuelles ? 

Les soutiens aux personnes victimes débutent toujours par un premier contact avec nos intervenant·e·s, lors de notre permanence téléphonique. Les demandes d’aide peuvent provenir des personnes directement concernées, de leurs proches mais aussi, lorsqu’il est question d’enfants ou d’adolescent·e·s des professionnel·le·s des domaines social, médical, de la psychologie, de l’éducation ou de l’enseignement, ainsi que des services étatiques.

Quels sont les effets de vos actions sur les bénéficiaires que vous recevez et sur les professionnels que vous encadrez ?

  • Nos suivis sont adaptés aux besoins de chacun·e. Ainsi, le jeu et l’art-thérapie permettent aux jeunes enfants d’exprimer leur vécu et émotions autrement que par les mots, de retrouver confiance en eux et en les autres pour continuer à grandir. Des thérapies familiales sont également offertes à l’ensemble de la famille pour les aider à traverser ce tumulte.
  • Les séances individuelles ou les groupes de parole permettent aux adolescent·e·s de partager la souffrance engendrée par un abus mais aussi les ressources et les moyens qu’ils ont trouvés pour faire face à leurs conséquences. Le groupe devient ainsi pour beaucoup un lieu de stabilité, un repère dans une période de vie compliquée.
  • Les adultes qui consultent à ESPAS ont comme point commun d’avoir dû porter seul·e·s pendant des années, voire des décennies, le poids de leur souffrance. Oser parler représente donc une étape particulièrement difficile à affronter, mais libératrice.
  • Par ailleurs, l’objectif de la prévention que nous réalisons par le biais de nos cours est de permettre aux adultes qui encadrent des enfants, des jeunes ainsi que des personnes en situations de handicap d’acquérir les outils nécessaires pour favoriser les contacts adéquats dans leur structure, mais aussi de savoir comment réagir en cas de soupçons d’abus ou si un enfant vient se confier sur des violences vécues.
  • En ce qui concerne les adolescent·e·s auteur·e·s d’actes d’ordre sexuels, ils·elles sont accompagné·e·s par nos équipes sur mandat du Tribunal des mineurs afin de leur offrir un espace dans lequel ils·elles pourront réfléchir aux actes qu’ils·elles ont posés, prendre conscience de leur impact sur la victime, leur entourage ainsi qu'eux·elles-mêmes, et trouver les moyens pour adopter des attitudes et comportements respectueux, à éprouver de l’empathie pour autrui, et réussir à exprimer leur colère et leurs émotions de manière adéquate.

Pouvez-vous nous parler d’un projet qui vous a tenu à cœur ? 

Dans le cadre de partenariats, nous accompagnons les structures qui encadrent des enfants, des jeunes ainsi que des personnes en situation de handicap dans la mise sur pieds de mesures de prévention. Pour ces organismes, s’engager dans de telles démarches peut paraître impressionnant. C’est pourquoi nous avons notamment édité, en 2019, un guide pratique qui présente pas à pas chacune des étapes et actions demandées dans le cadre de nos partenariats de prévention. Et, pour inciter davantage d’organisations à se lancer dans ce processus, nous avons réalisé une vidéo de présentation, sur un ton qui se veut léger. 

Quels défis l’association rencontre-t-elle au quotidien ?

Le premier défi est de pouvoir répondre à l’augmentation, parfois massive, des demandes d’aide que nous recevons régulièrement depuis plusieurs années.

En outre, nous rencontrons évidemment les défis qui peuvent se poser à toute association à but non lucratif comptant à la fois sur des soutiens étatiques et des soutiens privés ; continuer à bénéficier de la reconnaissance des professionnel·le·s et du réseau, pouvoir compter sur le soutien financier des cantons où nous sommes présents ou faire reconnaitre nos prestations à hauteur de leur coût.

Enfin et de manière plus large, nous œuvrons pour faire reconnaître la problématique des abus sexuels au niveau politique et encourager la prévention.

Comment voyez-vous votre association dans 10 ans ? 

Question difficile… D’un côté, nous aimerions pouvoir ne plus être utiles dans 10 ans, le respect de la sphère intime et de l’enfance étant désormais solidement ancré dans notre société. Malheureusement, notre réalisme nous fait penser que beaucoup d’enfants et d’adultes auront encore besoin de notre soutien. Ainsi, il nous tient à cœur de développer au sein de notre équipe des moyens pour se rapprocher encore plus de ces personnes qui ont été tant délaissées. Ce, quel que soit leur canton de résidence, par le biais des technologies actuelles, ou par l’ouverture d’autres antennes.

Nous espérons que la reconnaissance accrue de la réalité de ces violences et de leurs effets dévastateurs se traduise par une augmentation de l’engagement étatique dans toute la Suisse, notamment par le biais des subventions. Mais également des gestes, petits et grands, des citoyens qui par leurs dons signifient aux personnes concernées leur soutien et leur reconnaissance de la problématique.

Comment avez-vous intégré Utilité Publique Vaud et que vous apporte-t-elle ? Avez-vous déjà participé à un événement ou une activité organisée par Utilité Publique Vaud ?

Nous avons souhaité intégrer Utilité Publique Vaud car il nous semble important de pouvoir rencontrer d’autres organisations actives dans le domaine social, échanger autour de problématiques communes et valoriser nos actions. Nous avons eu le plaisir de participer au Speed Meeting du Mécénat de 2019 ainsi qu’à l’Assemblée générale de 2020.

ESPAS en faits et chiffres

2015 date de création
30 professionnels spécialement formés à la thématique des abus sexuels
580 personnes, dont 352 du canton de Vaud suivies en 2019
40 adolescent·e·s auteur·e·s d’actes d’ordre sexuel accompagnés annuellement
2300 adultes formés et sensibilisés en 2019


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