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Centre pour l’action non-violente : « Ni hérisson, ni paillasson »

21.01.2021



Portrait d'association membre

Actif depuis 1968 sous le nom de Centre Martin Luther King, le Centre pour l’action non-violente (CENAC) prend son nom actuel en 2004. L’association promeut la résolution pacifique des conflits en proposant entre autres des formations à l’action et à la communication non-violentes. Chaque année, c’est en moyenne une quinzaine de formations qui sont dispensées à divers publics par la vingtaine de bénévoles et de formateur·trice·s professionnel·le·s engagé·e·s dans l’association. Utilité publique Vaud s’est entretenue avec Jérémie Schaeli, formateur et membre du comité du CENAC, afin de mettre en lumière son action essentielle.

Quelle est la raison d’être du CENAC ? Quelle est sa mission ?

Le but du CENAC est de promouvoir la non-violence en Suisse romande par l’invitation à la réflexion, à la documentation, à la formation et à l’action afin de contribuer au développement d’une société plus égalitaire et respectueuse de l’environnement. Pour ce faire, nous diffusons des informations et proposons des formations à la médiation, à la communication bienveillante et à la résolution non-violente des conflits.

Quand et comment le CENAC est-il né ?

En 1968, année de l’assassinat de Martin Luther King, le pasteur Michel Grenier fonde le Centre Martin Luther King qui devient le CENAC en 2004. Le champ d’intervention de l’association se concentre d’abord sur l’armée, autour de la défense des antimilitaristes. Le CENAC (alors encore le CMLK) constituait à l’époque un lieu dédié à la réflexion et à l’élaboration d’actions non-violentes, telles que l’organisation de jeûnes, destinées à faire pression en faveur de l’introduction d’un service civil pour les objecteurs de conscience. Son activisme en la matière a notamment permis à des milliers de conscrits d’éviter le service militaire.

Ce n’est que dans un second temps que le CMLK (devenant le CENAC) recentre ses activités sur la diffusion d’informations et la proposition de formations à l’action et à la communication non-violente. C’est par ces vecteurs que s’exprime principalement aujourd’hui la promotion des idéaux qui ont fondé la raison d’être de l’association dès sa naissance. Cela bien que nous recommencions progressivement à participer à certaines actions non-violentes en collaboration avec d’autres collectifs. .

Quelles sont concrètement vos activités aujourd’hui ?

Le centre de documentation du CENAC met à la disposition des membres et de toute personne intéressée une bibliothèque très fournie sur le thème de la non-violence, des conflits, de la relation et du désarmement. Elle contient en outre 50 ans d’archives du mouvement non-violent suisse-romand, soit en tout plus de 12'000 documents, et s’enrichit d’une dizaine de nouveaux livres, articles et brochures chaque mois. Notre équipe de formatrices et formateurs se tient également prête à répondre aux demandes de formation et d’interventions provenant autant de particuliers, d’associations, d’écoles que d’institutions publiques.

Au fil du temps, des dizaines de personnes ont été formées par nos soins à la résolution pacifique des conflits, mais aussi aux relations et à la communication non-violente dans le couple, la famille ou au travail. En outre, nous coorganisons des débats et des conférences. Par le passé, nous avons notamment organisé des états généraux de la non-violence (2017), une Table ronde sur Gandhi dans le cadre de la Nuit de la philosophie à la demande de l'association Acropolis (2019), ainsi que des cafés-débats, en collaboration avec l'Espace culturel des Terreaux (2020).

De manière générale, nous promouvons également la non-violence et les actions de notre association en :

  • Présentant une exposition en Suisse et à l'étranger par l'intermédiaire de l'association genevoise Graines de paix ;
  • Entretenant des relations avec la France où nous avons récemment financé un podcast sur la non-violence ;
  • Collaborant avec des organisations neuchâteloises telles que l'association UFC Umani ;
  • Publiant des lettres de lectrices et lecteurs dans la presse romande. Nous agissons néanmoins encore peu sur les réseaux sociaux.

Travaillez-vous également avec les autorités et la sphère politique vaudoise ?

Oui, nous entretenons des contacts et échangeons régulièrement avec des politiciens cantonaux au sujet de la non-violence. Nous avons formulé un programme qui comporte deux volets : il s’agirait d’une part de fournir une base de réflexion solide sur la non-violence au moment où tant la résolution non-violente des conflits que la désobéissance civile connaissent un regain d'intérêt. Et d’autre part, de fédérer les nombreux travaux en cours au sein de l'administration cantonale (médiation administrative, justice restaurative, etc.) et d’en susciter d'autres (formation à la bienveillance administrative, par exemple).

À plus long terme, si nous parvenons à nous entendre sur ce projet et que la politique qui en découle est un succès, le but serait de l’étendre à d'autres cantons romands.

Pouvez-vous nous parler d’un projet que vous jugez particulièrement innovant ?

Pour ne citer qu'un exemple, celui de notre collaboration avec les milieux de la justice restaurative (les associations AJURES, le Swiss Restorative Justice Forum et la professeure Camille Depeursinge de l’Université de Lausanne) qui a mené à deux réalisations concrètes. D’une part, elle nous a permis de susciter une intervention en faveur de la justice restaurative à l’Assemblée fédérale à l’occasion de la consultation sur la révision du Code de procédure pénale fédérale, en 2018. Le postulat parlementaire déposé à notre suggestion et demandant l’intégration de la justice restaurative dans la législation en question a été accepté par le Conseil national, en juin 2019.

D’autre part, nous avons contribué à la mise en place d'une expérience novatrice dans le secteur carcéral vaudois : le lancement d’un projet pilote portant sur les dialogues restauratifs en prison (mise en relation de détenus et victimes) organisé par le Service pénitentiaire vaudois en collaboration avec le SWISS RJ Forum.

Quels sont les défis majeurs que l’association rencontre ?

À court terme, l’enjeu principal réside dans le renouvellement et le rajeunissement des forces militantes ainsi que dans la création d'un secrétariat professionnel actif à plein temps. Cela notamment pour nourrir les actions publiques et soutenir le travail d’information et bibliothécaire. Mais également afin d’assurer une présence régulière dans les médias de tous types, ainsi que l'extension de nos conférences, débats et tables rondes à toute la Suisse romande.

À plus long terme, le projet de déploiement accru des formations et de mise sur pied d'un certificat d'études avancées (CAS) nécessitera également de motiver l’engagement d’actrices et acteurs supplémentaires dans ce domaine.

Comment avez-vous intégré Utilité Publique Vaud ? Avez-vous déjà participé à un événement ou une activité qu’elle a organisé ?

C'est l’un de nos membres qui a récemment attiré notre attention sur cette organisation à laquelle nous avons ensuite adhéré. Le CENAC n'a ainsi pas encore participé à une manifestation d'Utilité Publique Vaud. Nous profitons cependant déjà de ce contact pour mener une réflexion sur l’avenir de l’association.

Le CENAC en faits et chiffres

1968 date de création du Centre Martin Luther King
2004 naissance du CENAC
Plus de 50 ans d'actions et d'engagement
Plus de 12'000 documents dans la bibliothèque
2 employées à temps partiel
10 formateur·trice·s
10 bénévoles


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